Ce vendredi 24 novembre, à 19h00, nous avions rendez-vous pour le loto mounard du sou des écoles. C'était une première de notre côté, celà faisait bien longtemps que nous n'avions pas goûté le plaisir d'étaler nos petits cartons sous nos yeux ébahis, avec l'angoisse d'oublier une case ou de ne pas être assez rapides...
Et nous voici partis avec nos petits cartons et nos yeux écarquillés, les jetons en main.

Sandrine nous fit remarquer qu'une rosette circulait et constituait une sorte d'épreuve amusante. Ma femme et moi nous sommes regardés en souriant, essayant d'imaginer une rosette se promenant de table en table accrochée à sa petite ficelle... Décidément cette Sandrine nous étonnera toujours! Mais bon, avant de conclure qu'elle était en train de subir des derniers affres d'un narcotique consommé en cachette au fond de sa pharmacie, nous avons levé la tête et scruté l'horizon...
En effet, un charmant monsieur armé de la non moins charmante rosette (un beau morceau de plus de quatre-vingt centimètres de long, de bien vingt centimètres de diamètre) demandait à qui le désirait d'estimer le poids de l'engin. Celui qui trouverait la bonne valeur, ou la valeur la plus proche, gagnerait le plaisir d'emporter la charcutaille à la maison pour lui parler du temps qu'il fait... et plus si affinité!
Les propos de Sandrine avaient été clairs et pleins de générosité : "si on arrive à faire la bonne estimation nous pourrions emporter cette rosette et la partager lors de notre soirée du 8 décembre!..."

Pas spécialement sportif, ni joueur invétéré, emporté par l'ambiance euphorique du lieu et surtout par l'argument de Sandrine je me laissais toutefois tenter à pronostiquer la masse de l'appétissant saucisson quand, me le prenant des mains, ma charmante voisine s'est écriée : "punaise, il est plus lourd que ma petite Elise!... Je le sais bien, je la porte tous les jours!...".
Qu'il est déchirant le cri d'une mère le soir au-dessus des tables, tellement déchirant qu'il attise la sympathie et la compassion. C'est donc une bonne dizaine de têtes qui se relevèrent l'oreille tendue pour entendre Sandrine reprendre de plus belle : "la rosette doit bien faire au moins sept kilos!"
En fait, la rosette était belle, mais affichait un modeste poids de trois kilos quatre-vingt dix-huit grammes...

En y réfléchissant bien, je pense que Sandrine avait raison. Une mère à forcément des relations particulières avec son enfant, et elle sent les choses avec beaucoup de précision. Curieux d'en avoir le coeur net j'ai fait faire une estimation à mon boucher, et il m'a confirmé que la "p'tite dame avait bien raison, une p'tite fille d'environ sept kilos doit bien peser dans les trois kilos et cent grammes une fois vidée et désossée!"....

MT


Avec l'aimable autorisation de Sandrine...

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